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(07/04/06) End the Silence Over Chechnya

By, André Glucksmann, Václav Havel, Prince Hassan bin Talal, Frederik Willem de Klerk, Mary Robinson, Yohei Sasakawa, Karel Schwarzenberg, George Soros, and Desmond Tutu



It is extremely difficult for an honest observer to break through the closed doors that separate Chechnya from the rest of the world. Indeed, no one even knows how many civilian casualties have there been in ten years of war.



According to estimates by non-governmental organizations, the figure is between 100,000 (that is, one civilian out of ten) and 300,000 (one out of four). How many voters participated in the November 2005 elections? Between 60 and 80%, according to Russian authorities; around 20%, reckon independent observers. The blackout imposed on Chechnya prevents any precise assessment of the devastating effects of a ruthless conflict.



But censorship cannot completely hide the horror. Under the world’s very eyes, a capital – Grozny, with 400,000 inhabitants – has been razed for the first time since Hitler’s 1944 punishment of Warsaw. Such inhumanity cannot plausibly be described as “anti-terrorism,” as Russian President Vladimir Putin insists. The Russian military leadership claims to be fighting against a party of 700 to 2,000 combatants. What would be said if the British government had bombed Belfast, or if the Spanish government bombed Bilbao, on the pretext of quelling the IRA or the ETA?



And yet the world remains silent in the face of the looting of Grozny and other Chechen towns and villages. Are Chechen women, children and all Chechen civilians less entitled to respect than the rest of mankind? Are they still considered human? Nothing can excuse the seeming indifference displayed by our worldwide silence.



In Chechnya, our basic morality is at stake. Must the world accept the rape of girls who were kidnapped by the occupying forces or their militias? Should we tolerate the murder of children and the abduction of boys to be tortured, broken, and sold back to their families, alive or dead? What about “filtration” camps, or “human firewood”? What about the villages exterminated to set an example? A few NGO’s and some brave Russian and Western reporters have witnessed countless crimes. So we cannot say “we did not know.”



Indeed, the fundamental principle of democracies and civilized states is at issue in Chechnya: civilians’ right to life, including the protection of innocents, widows, and orphans. International agreements and the United Nations Charter are as binding in Chechnya as anywhere else. The right of nations to self-determination does not imply the right of rulers to dispose of their people.



The fight against terrorism is also at stake. Who has not yet realized that the Russian army is actually behaving like a group of pyromaniac firefighters, fanning the fires of terrorism through its behavior? After ten years of a large-scale repression, the fire, far from going out, is spreading, crossing borders, setting Northern Caucasus ablaze and making combatants even more fierce.



How much longer can we ignore the fact that, in raising the bogeyman of “Chechen terrorism,” the Russian government is suppressing the liberties gained when the Soviet empire collapsed? The Chechen war both masks and motivates the reestablishment of a central power in Russia – bringing the media back under state control, passing laws against NGO’s, and reinforcing the “vertical line of power” – leaving no institutions and authorities able to challenge or limit the Kremlin. War, it seems, is hiding a return to autocracy.



Sadly, wars in Chechnya have been going on for 300 years. They were savage colonial conflicts under the Czar and almost genocidal under Stalin, who deported the whole Chechen population, a third of which perished during their transfer to the Gulag.



Because we reject colonial and exterminating ventures, because we love Russian culture and believe that Russia can bloom in a democratic future, and because we believe that terrorism – whether by stateless groups or state armies ?– should be condemned, we demand that the world’s blackout on the Chechen issue must end. We must help Russia’s authorities escape from the trap they set for themselves and into which they fell, putting not only Chechens and Russians, but the world at risk.



It would be tragic if, during the G8 summit scheduled for St. Petersburg, Russia, in June 2006, the Chechen issue were pushed to the side. This dreadful and endless war needs to be discussed openly if it is to end peacefully.






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L’observateur de bonne foi éprouve de grandes difficultés à percer le huis clos qui isole la Tchétchénie du reste du monde. Combien de morts dans la population civile en dix ans de guerre ? Au moins 100.000, au plus 300.000 selon les estimations des ONG. Soit un civil sur dix ou sur 4. Combien de votants aux élections de Novembre 2005 ? Entre 60 à 80% selon les autorités russes, 20%, estiment les témoins indépendants. Le black out qui règne sur cette parcelle de Caucase interdit toute évaluation chiffrée des ravages d’un conflit que chacun sait impitoyable.



La censure ne masque pas l’horreur. Sous nos yeux, une capitale (Grozny, 400.000 habitants) a été rasée pour la première fois depuis 1944 quand Hitler punit Varsovie. L’étiquette « lutte anti-terroriste » ne saurait coiffer une telle inhumanité. L’État-major russe prétend lutter contre une poignée de terroristes qu’il chiffre entre 700 et 2000 combattants. Qu’aurions-nous dit si le gouvernement anglais avait bombardé Belfast, ou le gouvernement espagnol Bilbao, sous prétexte de réduire l’IRA ou l’ETA ? Le sac de Grozny, des villes et des villages de Tchétchénie se repaît du silence mondial. Les femmes, les enfants, tous les civils tchétchènes sont-ils moins dignes de respect que le reste de l’humanité ? Sont-ils encore considérés comme des êtres humains ?



Rien n’excuse notre planétaire silence.



1/ Il en va de notre morale la plus élémentaire. Comment accepter le viol des filles enlevées par les troupes d’occupation ou leurs milices ? Pourquoi supporter le meurtre des enfants et le rapt des garçons, torturés, brisés et revendus, vivants ou morts, à leur famille ? Et les camps de « filtration » ? Et les « fagots humains » ? Et les villages décimés pour l’exemple ? Quelques ONG et journalistes courageux, russes ou occidentaux, témoignent des forfaits innombrables. Nous ne pourrons pas dire « nous ne savions pas ».



2/ Il en va du principe fondamental des démocraties et des états civilisés : le droit à la vie des civils, la protection due à l’innocent, à la veuve et à l’orphelin. Les accords internationaux et la charte de l’ONU obligent. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’implique pas le droit des gouvernants à disposer de leurs peuples.



3/ Il en va de la lutte anti-terroriste elle-même. Qui ne s’aperçoit que l’armée russe joue les pompiers pyromanes ? Au bout de dix années de répression à grande échelle, le feu, loin de s’éteindre, s’étend, franchit les frontières, embrase le Nord Caucase et ensauvage les combattants.



4/ Il en va du réalisme politique et du bon sens. Allons-nous longtemps ignorer que, brandissant l’épouvantail du « terrorisme tchétchène », le gouvernement russe supprime les libertés acquises à la chute de l’empire soviétique ? Reprise en main des mass media, lois contre les ONG, renforcement de la « verticale du pouvoir », la guerre camoufle et motive le rétablissement d’un pouvoir central sans contre-pouvoirs qui le limitent, c’est-à-dire : couvre le retour à l’autocratie.



Les guerres de Tchétchénie durent depuis 300 ans. Elles furent sauvagement coloniales sous le Tsar, quasi génocidaires sous Staline qui déporta l’entière population, dont un tiers périt dans le seul transfert au Goulag. Aujourd’hui, il s’agit, eu égard à la proportion des morts et à la cruauté des moyens, du pire conflit inaugurant le XXIème siècle.



Parce que nous rejetons les aventures coloniales et exterminatrices, parce que nous aimons la culture russe et que nous croyons la Russie capable de s’épanouir dans un avenir démocratique, parce que nous estimons que le terrorisme doit être condamné, qu’il soit le fait de groupes sans état ou d’armées avec état, nous demandons que la question tchétchène ne soit plus couverte d’un mutisme complaisant. Nous devons aider les autorités russes à sortir du piège où elles sombrent aux risques et périls des Tchétchènes, des Russes et des nôtres. Il nous paraîtrait inconcevable qu’au prochain G8, réuni en juin 2006 (en Russie), la « question tchétchène » soit évacuée d’office et ne fasse pas l’objet de discussions publiques. Au delà de nos divergences quant à l’indépendance ou non de la Tchétchénie, nous sommes tous concernés par l’épouvante d’une guerre sans fin.

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